Tourterelle des bois : rencontre avec un oiseau farouche


Suite et fin de mon triple défi photographique. Après le Rossignol philomèle et le Coucou gris, je vous parle aujourd’hui de ma rencontre avec un oiseau discret et farouche : la Tourterelle des bois.

Je suis sur les traces de deux d’entre-elles depuis leur retour au printemps. Farouche, vous ai-je précisé. C’est peu de le dire. Connaissant leur territoire respectif, que je traversais lors de mes sorties photo, je les entendais chanter régulièrement depuis début mai. Lorsqu’une approche me semblait faisable, je la tentais avec discrétion et à pas feutrés, comme j’en ai l’habitude. Au mieux, j’apercevais l’une ou l’autre au sommet d’un arbre, au loin, mais la plupart du temps elle m’avait vu la première et prenait le large…

Quelques semaines plus tard, un matin de cette mi-juillet, je termine quelques clichés de grenouilles vertes, se dorant au soleil, sur les rives d’un étang voisin. Alors que je me remets en chemin, je reconnais ce roucoulement régulier caractéristique. C’est la seconde des deux Tourterelles des bois que j’ai recensées. Elle doit se trouver à cinquante mètres de moi, en bordure d’une dense et vaste étendue d’aubépines, d’églantiers et de cornouillers. Je longe lentement les buissons dans sa direction.

Arrivé à une vingtaine de mètres, je ralentis encore mon approche. J’avance à pas très lents pendant qu’elle chante et m’immobilise dès qu’elle cesse. Me voilà enfin au niveau d’une aubépine volumineuse où elle se trouve. Elle roucoule toujours, mais je ne la vois pas. Elle est pourtant là, à cinq six mètres, tout au plus, mais de l’autre côté du buisson ! Alors que je médite sur cette malchance, une agitation se fait au cœur de ces épais fourrés. Panique chez les fauvettes, pouillots et mésanges. Peut-être cet épervier que j’ai vu la veille ? La tourterelle gagnée par la peur, s’envole à son tour et passe à tire d’aile au dessus de moi. Fin de mes espoirs du jour !

Plus rien lors de mes sorties suivantes. Pas le moindre roucoulement, ni la moindre apparition, même lointaine…

Puis un beau et ensoleillé matin, alors que ma sortie photo du jour touche à sa fin, la chance se présente. J’ai dépassé le secteur où je l’avais approchée précédemment et je chemine le long d’une végétation plus rase composée pour l’essentiel de ronces. Je m’arrête pour observer et écouter. Soudain un oiseau, qui vient de quitter une haie de saules et de peupliers derrière moi, passe au dessus de ma tête et se dirige droit vers les fameux buissons que j’évoquais tout à l’heure. Je réussi à prendre une seule photo de la furtive apparition. Un Pigeon ramier, comme j’en vois souvent dans les parages ? Un rapide coup d’œil à l’écran arrière de mon appareil me renseigne tout de suite : c’est une Tourterelle des bois !

Et si elle était allé se percher dans cette même aubépine ? Je rebrousse chemin, je veux en avoir le cœur net. Je parcours la centaine de mètres qui me sépare de l’endroit où je l’ai vu disparaitre et finis mon approche à pas comptés. Pas le moindre roucoulement ! Le fameux buisson m’apparait progressivement. La Tourterelle des bois est là, devant moi, immobile, à mi-hauteur de cette aubépine. Elle ne me quitte pas des yeux…

Alors, très lentement, je porte le boitier à la hauteur de mon visage. J’affine une délicate mise au point à travers le feuillage de l’arbuste du premier plan et je déclenche calmement. Ça y est : l’instant tant attendu est enregistré sur la carte mémoire de mon appareil photo. Mais la rencontre touche à sa fin, l’oiseau saute sur une petite branche proche et disparaît tranquillement au cœur du buisson. Je repars sans faire de bruit, encore sous le charme de cette rencontre inattendue…

Alors que je m’éloigne, je songe déjà au prochain défi que je pourrais bien me fixer…

À bientôt pour de nouvelles images et de nouvelles anecdotes.

Tourterelle des bois

Tourterelle des bois